Quentin Bas Lorant

Quentin Bas Lorant

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Game of Thrones à 2h de vol de Paris

Game of Thrones à 2h de vol de Paris

L’ultime saison de Game of Thrones s’est ouverte dimanche dernier avec le retour de Jon Snow à Winterfell, et les tant attendues scènes de retrouvailles avec Arya, Bran et Samwell Tarly (par ordre de préférence). Si la capitale du Nord a changé de propriétaire au cours des saisons, et connu les heures très (très) sombres imposées par les Bolton, le lieu de tournage n’a lui jamais changé. La résidence de la maison Stark est en réalité un château du XVIIIème siècle, Castle Ward, situé à l’est de l’Irlande du Nord. Il fait partie des 26 décors nord-irlandais de la série. Ce qui fait tout simplement du pays l’endroit du monde le plus représenté à Westeros ! Pour mettre en valeur ces lieux uniques, l’office du tourisme irlandais propose plusieurs itinéraires à ceux qui souhaitent marcher dans les pas de leurs personnages préférés. Comme dans la série, tout commence dans la Forêt hantée (en réalité le parc forestier de Tollymore, à Newcastle, à une heure de Belfast), où sont aperçus dans les premières minutes du tout premier épisode, les terribles marcheurs blancs. C’est également dans ces bois que sont découverts et recueillis par les enfants Stark les louveteaux géants (ce qui nous rappelle qu’on aimerait bien savoir enfin où est passé Fantôme !). De Westeros à Essos En s’aventurant plus au nord du pays, vers le comté d’Antrim, on quitte les décors de Westeros pour les paysages d’Essos. Les rives du Lough Neagh et du canal de Toome servirent en effet d’arrière-plan au lieu le

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Quand Fellini rêvait de Picasso

Quand Fellini rêvait de Picasso

5 out of 5 stars
Pour qui ? Ceux qui veulent voir dialoguer deux génies et la Méditerranée, de l'antiquité à la Dolce VitaVoir quoi ? Des centaures et des faunes et des corps voluptueux C'est l'histoire d'un rendez-vous manqué. Celles de deux figures du siècle dernier, qui, malgré leur dialogue esthétique et leurs nombreux potes en communs, ne se sont jamais rencontrées. En tout cas en ce monde. Car on apprend rapidement que le titre de cette expo n'a rien de poétique : Fellini rêvait bel et bien du maître espagnol (rendant nos rêves dans les rayons du Monop' terriblement terre à terre).  De ces songes naîtront Le livre de mes rêves, épais grimoire dont les pages sont ornées des dessins enfantins du cinéaste. Dans au moins trois d'entre eux, on rencontre ce bon vieux Pablo croqué sous les traits d'un singe, distillant conseils et plaisanteries. Il faut dire que Fellini était particulièrement émerveillé par Picasso, allant jusqu'à penser qu'il « habitait dans l'imaginaire onirique de tous les artistes ». Le reste de l'expo ? Il égrène les grands thèmes insufflés par le peintre au cinéaste : l'antiquité, les femmes, la sexualité, la corrida, le cirque... Le tout dans un espace un brin trop ramassé, qui présente une abondance de toiles, dessins, affiches, costumes, Unes de presse et photographies de tournage.  En zieutant vers la dernière salle, on découvre aussi comment ces deux pointures du XXe siècle se sont immiscées dans l'art de l'autre. Fellini, donc, par l'inspiration très picturale de s
Picasso - Bleu et rose

Picasso - Bleu et rose

4 out of 5 stars
Pour qui ? Ceux qui veulent découvrir Pablo avant qu'il ne devienne PicassoVoir quoi ? La période dite bleue et rose : ce moment où l’espagnol dépasse l’académisme pour réinventer la peinture moderne C’est un juste retour des choses. En octobre 1900, à bientôt 19 ans, Pablo Ruiz, qui signera bientôt “Picasso”, arrive à la gare d’Orsay. C’est sous la même verrière que sont présentées les toiles de la première période parisienne du peintre, entre 1900 et 1906. Située juste avant le cubisme, l’exposition nous donne ainsi à voir un Picasso plus primitif et plus secret, qui cultive aussi ses amitiés (Apollinaire, Max Jacob…) à Montmartre. On découvre d’abord un artiste encore prisonnier du siècle passé, ses premières toiles étant très influencées par Van Gogh et Toulouse-Lautrec. Notamment un autoportrait (Yo, Picasso) dont les couleurs et l’épaisseur du pinceau rappellent les toiles les plus tardives du peintre néerlandais. Picasso s’en détache assez brutalement pour produire une série de portraits unis par la même couleur, le bleu, dont les critiques feront ensuite sa première période. L’exposition présente trois versions de La mort de Casamegas, (peintre et ami de Picasso), qui rendent sensibles le passage de ces premières influences au monochrome bleu, qui symbolise alors la froideur de la disparition. Cette période culmine en 1903 par sa thématique, sa taille et ses nuances, avec le tableau La vie, que la scénographie nous laisse subtilement entrevoir, à travers les murs clai
David Goldblatt

David Goldblatt

4 out of 5 stars
En près de soixante années de carrière, David Goldblatt est devenu une figure insigne de la photographie documentaire. Pourtant, c’est bien une subjectivité d’artiste qui frappe le spectateur devant chacune des huit séries présentées au Centre Pompidou. Car pour livrer l’Afrique du Sud telle qu’elle est, Goldblatt n’a jamais hésité à réinventer son style selon les situations, convaincu que l’on peut être plus près du vrai en se détachant de ce qu’on voit. Quand il descend au plus profond des mines par exemple, le photographe se laisse aller au flou et à une sursaturation qui disent l’irréelle dureté des conditions de travail. De même, pour témoigner des conditions de transport des travailleurs noirs vers les villes dont ils sont exclus, il choisit une focale resserrée et un fort vignettage, accentuant la promiscuité à l’intérieur de ces bus de nuit, dans lesquels les corps recroquevillés par la fatigue s’entassent les uns sur les autres. Mais le bouleversement formel le plus saisissant est bien celui qui fait passer ses photos des contrastes irréconciliables du noir et blanc (du temps de l’apartheid), à la couleur (une fois celui-ci aboli). Goldblatt n’en reste pas moins lucide sur les vestiges de cette politique dans l’Afrique du Sud contemporaine. On peut d’ailleurs voir, entendre et lire le photographe s’exprimer à ce sujet tout au long de l’exposition. Une installation qui semble tomber sous le sens tant elle nous apprend, et qui demeure assez rare pour être soulignée. 
Juergen Teller - Leg, snails and peaches

Juergen Teller - Leg, snails and peaches

4 out of 5 stars
Des grenouilles dans le Marais. Quelle évidence. Le génie de Juergen Teller frappe depuis la rue Pastourelle, à travers les vitres de la galerie Suzanne Tarasieve. Le premier batracien de l’expo Leg, snails and peaches laisse entrevoir sa tête hors de deux lèvres sensuellement entrouvertes. En face, la photo d'un homme aux yeux clos, sous assistance respiratoire. D’un côté la menace d’étouffement, de l’autre l'asphyxie, et puis la vie, couleurs vives et œil luisant, prête à bondir hors d’une bouche dévoreuse. Il sera bien question de mort, et, par sursaut, de vie. La décrépitude qu’a choisi de laisser flotter Teller sur ses œuvres, c’est celle d’une saison, l’automne, dont il apprécie le bestiaire, les couleurs mornes et les odeurs de sous-bois. Et puis, tout à coup, une pulsion abrupte nous ramène à la vie. C’est le baiser à pleine bouche de Béatrice Dalle contre la moiteur des écorces d’un bois mort. C’est une laie nourrissant ses petits sur un parterre de végétations à l’agonie. C’est enfin Teller lui-même, nu, retenant une poignée de ballons vigoureux, prêts à l’envol, devant un mur de feuilles mortes, condamnées à pourrir sur le sol. Une ambivalence qui parvient à nourrir d’un trait commun la diversité des séries présentées, qui contrastent à merveille avec les murs blancs laqués de la galerie. La série la plus récente, à l’étage, donne son nom à l’exposition. Teller y orchestre ce qui ressemble à des natures mortes, en forme de memento mori. La symbolique subtile du déc
Street art à l’hôpital

Street art à l’hôpital

3 out of 5 stars
Sur la façade vitrée de l’Institut mutualiste Montsouris, les silhouettes bariolées style Keith Haring intriguent. Elles sont l’œuvre de Monkeyfingers, élève et ami du célèbre dessinateur américain. Derrière les vitres de ce hall d’hôpital, il se tient bien une exposition qui semble d’autant plus incongrue que l’un de deux collectifs présentés se nomme AVC (pour Arts visuels et contemporains, on précise… Créé en 2015, ce collectif recherche des lieux d’expositions alternatifs pour ses quelque 70 artistes, tout comme le second, Bitume Street Art, dont les graffeurs investissent régulièrement les festivals. Comme dans toutes expositions souhaitant s’affranchir des contraintes spatiales et/ou morales des galeries, les 80 œuvres présentées jouissent des libertés offertes par ce type de lieu inédit, mais en subissent aussi les limites. D’un côté, les toiles, sculptures et photographies profitent de la belle lumière naturelle qu’offre la verrière du hall. La taille de l’édifice permet aussi d’exposer plusieurs grands formats, dont les visages de l’artiste Meh, tout en éclats de couleurs et de coulures. L’aérographe retrouve aussi les supports urbains de ses premières amours : portière de voiture, skate ou encore radiateur électrique. De l’autre, on peut aussi regretter le choix d’une installation sur câbles, le long de la baie vitrée, qui rend certaines œuvres instables. D’autres se trouvent, faute de place, reléguées en périphérie de ce lieu lumineux, dans des couloirs hélas bien
Paysages français : Une aventure photographique, 1984 - 2017

Paysages français : Une aventure photographique, 1984 - 2017

4 out of 5 stars
Il est rare qu’une exposition colle autant au lieu qui l’abrite. En voulant révéler un portrait de la France des trente dernières années à travers plus de 1 000 œuvres, l’exposition Paysages français, une aventure photographique (1984-2017) ne pouvait se tenir ailleurs qu’à la BNF, un lieu lui aussi démesuré et dédié à la conservation des mémoires. Chacune des œuvres exposées avait en effet été commandée à l’origine par des institutions publiques ou des territoires, afin de sauvegarder ou de mettre en valeur leurs paysages. Mises bout à bout, elles dessinent le portrait contemporain d’une France plurielle, prise dans un décor en mouvement constant. Cet aspect « institutionnel » ne doit pas rebuter. On est en effet très loin du formatage de la photographie marketing. La centaine de photographes internationaux présentés ont tous une vocation artistique assumée, à l’image des plus connus, comme Raymond Depardon ou Josef Koudelka. On est au contraire surpris par leur grande inventivité, avec des photos aussi bien prises à la chambre qu’au téléphone portable, et des tirages de toutes tailles, qu’ils soient exhibés sur papier, projetés, voire utilisés dans des installations. On assiste ainsi à une véritable leçon sur l’évolution de la photographie depuis trois décennies. Mais aussi sur la façon de remplir cette périlleuse mission, qui consiste à magnifier les paysages ressassés de nos quotidiens, qu’il s’agisse d’un salon de HLM ou de pavillon, des abords d’une autoroute ou d’une z