On a rencontré le dernier crieur public de Paris
Ding ding ding, la petite clochette du crieur public sonne le rassemblement, approchons-nous tous, passants, flâneurs, curieux, ponctuels... Gavroche au look de titi parisien chic, bonimenteur à l'élégance décalée, le crieur public de Paris est une femme. Lunettes rondes, porte-voix rouge et élocution aussi gaie qu'un pinson, Ségolène Thuillart serpente le 18e pour répandre les messages qu'on lui a envoyés, et ce plus rapidement, plus efficacement et plus humainement que n'importe quel réseau social numérique. Offres d'emploi, annonces de colocation, poèmes spontanés, coups de gueule politiques, textes d'auteurs timides ou simples bonjours sympathiques, elle transmet tout. Ouvrant un espace social de communication directe, libre et adressée, le crieur public entretient un lien social précieux, vivant et nécessaire dans un contexte où priment l'immatériel, le désincarné et la parole par écrans interposés.
Comment t'es venue cette idée de faire le crieur public ?
C'est un très vieux métier. Avant le crieur public criait parce que les gens ne savaient pas lire mais il fallait que chacun soit au courant des nouvelles lois, des jours de levée des impôts, de la venue du souverain... C'était un vrai métier, avec un salaire important. Le crieur public était un employé de l’Etat au service autant du pouvoir que des gens. Il assurait la diffusion des informations et créait le lien entre la sphère étatique et la société civile. Il était vraiment implanté dans la vie, c'était un relais