La Coupe à 10 francs
Dans l’antiquité juive, le légendaire guerrier Samson tirait sa force de ses cheveux. Dans la France des années 1970, le jeune André (Didier Sauvegrain) aussi. Dix-huit ans, discret, menuisier dans une bourgade de Picardie, il porte ses cheveux blonds jusqu’aux épaules. Comme ça, parce que ça lui plaît. Ce n’est pas du goût de son patron, vieux con en chef et chauve comme un moine, qui lui ordonne d’adopter une coiffure plus courte. Il refuse et résiste, prenant lentement conscience de son individualité et de ses droits. L’atelier et le village se divisent sur son cas jusqu’au drame.
Le cheveu long pour les hommes est un sujet de discorde depuis des millénaires. Trop féminin, trop sensuel, il semble incarner une liberté personnelle ou une allégeance à des croyances qui menacent le pouvoir en place. Dixit le Nouveau Testament : « La nature elle-même ne vous enseigne-t-elle pas que, pour un homme, il est déshonorant d’avoir les cheveux longs ? » Aux Etats-Unis, l’une des premières mesures concernant l’assimilation des Amérindiens au XIXe siècle a consisté à couper leurs longues tresses traditionnelles. Dans le film, le patron d’André lui lance : « Vous courez tout droit à la pédérastie et la drogue. » « Long hair, don’t care » (« J’ai les cheveux longs et je m’en fiche »), répondent les hippies du monde entier, le jeune menuisier avec eux.
Une histoire millénaire qui se termine avec André, victime expiatoire d’une blondeur d’ange, placé seul au centre d’un cercle prêt à jeter l