'While we're Young' s'ouvre sur un extrait de 'Solness le constructeur', pièce de Henrik Ibsen dans laquelle un architecte, qui préfère qu'on le qualifie de « constructeur », se prend d'amitié pour un couple de jeunes gens de la même profession. Comme un écho, la comédie romantique de Noah Baumbach (déjà connu pour 'Frances Ha', 2012, et 'Les Berkman se séparent', 2005) narre également la rencontre de deux couples séparés par deux décennies.
Celle de Cornelia et Josh (Naomi Watts la magnifique et Ben Stiller en dépressif égocentrique) et de Jamie et Darby (Amanda Seyfried et Adam Driver, le dégingandé cinglé de la série 'Girls'). Les premiers ont la quarantaine et travaillent dans le cinéma documentaire. Elle, produit son père cinéaste, lui tarde à achever ce qu'il espère être le chef-d'œuvre de sa vie. Alors que leurs meilleurs amis viennent d'avoir leur premier enfant, la question de la parentalité loupée se pose pour ce couple déjà trop vieux pour donner la vie. Les seconds, eux, sont des artistes branchés et fans du travail de Josh, et vont flatter l'ego chancelant de ces quadras en crise.
S'ensuit alors un enchaînement de clichés abrutissants sur les post-ados de 25 ans, tellement libres, tellement beaux, vivant dans des lofts insensés et dansant à l'aise le street-dancing. Et sur les « vieux », auxquels il ne reste que les réunions de mamans à des concerts pour bébés abominables de « gagatitude », les conversations ennuyeuses et l'arthrite comme nouvelle compagne de vie. Naomi Watts, un peu perdue à son premier cours de hip-hop sous prétexte qu'elle est née avant les années 1980, n'est pas crédible pour un sou.
Mais on comprend assez vite que cette amitié aux contours rafraîchissants est en fait une manipulation intéressée de Jamie pour s'intégrer dans un milieu artistique restreint. Et, finalement, le récit laisse petit à petit de côté cette fausse bonne amitié pour se tourner vers les conflits entre Jamie et Josh sur la réalisation d'un documentaire et la question éthique de la narration et de l'authenticité. Comment mettre en scène sans perdre de vue une forme de vérité objective ? Comment raconter sans romancer ? Des questions nettement plus intéressantes que les problèmes sentimentaux creux qui animent ces personnages peu touchants.