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Avec Un Eté brûlant, les fidèles de Philippe Garrel ne seront pas dépaysés. Le cocktail est connu : poses lascives, indie-rock, trinité picole-fête-dépression, fumette, débats artistico-insurrectionnels et tentatives de suicide… « La vie, la vraie », quoi.
Frédéric (Louis Garrel) et Angèle (Monica Bellucci) s’aiment. Semble-t-il. Il est artiste-peintre ; elle, comédienne à succès. Dans la chambre d’amis de leur villa italienne, ils hébergent Paul et Elisabeth (Jérôme Robart et Céline Sallette), couple de figurants au cinéma. Evidemment, ça tourne mal.
Ceci dit, chez Garrel, l’histoire on s’en fout toujours un peu, hein : ce sont davantage les cadres qui importent, le travail sur le son, le grain d’une peau, les clins d’œil à Godard ou une mélodie qu’on fredonne… Aux fanatiques des blockbusters, c’est sûr, ça paraît un peu vide.
Seulement, c’est précisément cette langueur, cette disponibilité générale qui fait qu’on se laisse cueillir par ces scènes simples, banales, où les filles essayent des robes et les mecs parlent d’improbables révolutions. Où, parfois, on danse sur un morceau des Dirty Pretty Things (l’une des plus belles séquences du film)… Finalement, le reste n’est que littérature – de la bonne, au demeurant, Marc Chodolenko cosignant les scénarios de Garrel depuis une grosse vingtaine d’années.
Pourtant, souvent proche des Amants réguliers (2004), Un Eté brûlant pourrait avoir à pâtir de la comparaison, notamment à travers le personnage de Louis Garrel, qui fait ici preuve d’un machisme capricieux, étonnamment lourd. Bien sûr, cela n’enlève rien à la puissance esthétique de Philippe Garrel… mais surtout, son actuel classicisme donne une folle envie de (re-)voir les délires génialement bizarres du Révélateur ou de La Cicatrice intérieure... Sans doute plus véritablement crâmés que cet été bien agréable, mais un peu tiède.