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L'ouverture de ce monument cinématographique d'à peine plus d'un quart d'heure est sans doute restée dans l’histoire du surréalisme comme l’une de ses scènes les plus symboliques. On y voit un homme (Bunuel, lui-même) trancher l'œil d’une jeune femme assise à l’aide d’une lame de rasoir (qu’on se rassure : ce que l'on voit couler à l'image n’est en réalité qu’un œil de veau). Scène fascinante autant qu’insoutenable – Bunuel en restera malade plusieurs jours – que le montage met immédiatement en relation avec la vision d'un nuage traversant horizontalement la lune, la coupant en son milieu. Ainsi, le message est double : d'une part il va ici falloir changer son regard radicalement (le rasoir), mais aussi laisser libre cours à la dictature capricieuse des analogies sensibles (entre l’œil et la lune, la lame et le nuage, etc.). Aussi ce ‘Chien andalou’, bien que titré en dédicace à Federico Garcia Lorca, fait surtout penser aux ‘Champs magnétiques’ de Breton et Soupault. La méthode de composition du scénario fut en effet identique : écriture automatique, récits de rêves et cadavres exquis en composent l’essentiel. Vu sa durée et sa facilité d'accès sur YouTube, voilà donc un film tout simplement immanquable, miniature folle et baroque, culte et occulte. Et toujours aussi hallucinante – ce n'est pas le David Lynch d'‘Eraserhead’ qui nous contredira…