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Pour son quatrième long métrage, Xavier Dolan, 25 ans, change assez fortement la donne. Exit donc les séquences clipesques, les métaphores surréalisantes ou les références godardiennes de ses premiers films : Tom à la ferme s’affirme clairement comme son œuvre la plus sobre en termes de réalisation, lorgnant parfois vers l’étude de mœurs chabrolienne, voire vers le suspense trouble, mâtiné de sexualité latente à la Hitchcock. Les aficionados du lyrisme coloré de J’ai tué ma mère ou Laurence Anyways risquent donc d’être pris au dépourvu ou de ne pas tout à fait y trouver leur compte.
Adapté de la pièce de théâtre homonyme de Michel Marc Bouchard, Tom à la ferme a donc tout du fameux « film de la maturité ». On y suit Tom, interprété par un Xavier Dolan d’une audace capillaire dont on vous laissera juges, publicitaire citadin plongé dans la campagne profonde pour assister aux funérailles de son ancien amant, mort dans un accident de la route. Hébergé par la mère de son ex (Lise Roy), Tom se rend bientôt compte que celle-ci n’était absolument pas consciente de l’homosexualité de son fils. Surtout, il se retrouve bientôt menacé par son frère (Pierre-Yves Cardinal), qui cherche à tout prix à cacher la vérité à la daronne.
Thriller psychologique en rase campagne, Tom à la ferme retrouve donc les thématiques familières au réalisateur québécois, délocalisées en milieu rural hostile et dans un genre assez éloigné du romantisme fiévreux qu’on lui connaît. S’il n’est pas totalement exempt de quelques (légères) maladresses dans sa progression narrative, le film de Xavier Dolan confirme tout de même agréablement le dynamisme et l’intégrité du cinéaste qui, plutôt que d’exploiter le filon qui fit son succès, préfère remettre en jeu ses réflexes de réalisation. Et l’on peut dire que son pari est gagnant : car si l’austérité (relative) de son Tom à la ferme pourra désorienter ses fans de la première heure, il réussit à y instaurer un climat lourd, tendu et crédible, porté par des acteurs d’une grande justesse. Pas encore tout à fait le chef-d’œuvre qu’on pourrait attendre d’un réalisateur aussi précoce, donc, mais l’assurance, en tout cas, qu’il en prend bien la voie.