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Un homme muet dans le désert, comme revenu de parmi les morts. Travis est sur les routes parce qu’il tente de reconstituer l’histoire. L’histoire de cette femme qui est partie, de ce qui la fera revenir, ou juste exister à nouveau. Pour lui, marcher dans ce désert d’après destruction reste le meilleur moyen d’espérer un mirage qui pourtant ne viendra jamais. C’est une traversée vers nulle part. L’errance comme persistance des sentiments. Puis un mec gueule sur d’autres mecs roulant à toute vitesse et qui ne l’entendront jamais. Quelques mots sortent de sa bouche en folie : “There is no safety zone.” Tout le voyage de Travis est dédié à la redécouverte de ce visage et des images qui l’entourent (celle du bon père, du couple, de la famille) et à la manière de retrouver une sécurité, un sens au monde tel qu’il va. Car eux, ils transformaient tout en aventure, comme si rien d’eux ou de ce qu’ils faisaient n’était réel, comme s’ils parvenaient ensemble à créer leur propre système. Puis, ils ont eu un enfant et cela rattache toujours à la réalité ou y propulse sans détour. Que faire de cette réalité ? Que faire de cette réalité et des coups qu’elle porte au corps et à l’âme ? Il la retrouve. Il retrouve son image (film en Super 8 et vitre de peep-show). Il suffit de voir “comment il la regarde pour savoir comment il aime”, encore. Mais rien n’y fait, l’image de ce couple ne reviendra jamais, elle a été maltraitée bien trop sévèrement pour cela. Ne lui reste qu’à laisser le passé prendre forme à nouveau, pour le fuir à nouveau ou le laisser s’enfuir, mais comme il faut cette fois-ci. Sans le pourchasser. / Palme d’or