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Le premier miracle de Moonlight – et ce film crève-cœur en regorge – a lieu à table. Le jeune Chiron, 10 ans, a été harcelé dans la rue. Les deux adultes présents à ce dîner ne sont pas ses parents, mais ils trouvent les mots justes pour répondre à sa question : « Est-ce que je suis une tapette ? » Barry Jenkins explore des aspects peu vus de l’expérience afro-américaine avec une voix poétique et montre des aspects de Miami que l’on ne connaît pas au cinéma. Mais ce qui ressort en premier dans le film tient à sa manière radicale de scruter des turbulences sexuelles éloignées des stéréotypes. Dans le cadre des récits gays, nous sommes loin de Brokeback Mountain, pour nous rapprocher de l’atmosphère anxieuse et planante du génie hip-hop Frank Ocean. Dans le film, Chiron grandit, devenant un adolescent hanté par ses désirs, puis un adulte ténébreux dans la partie finale, peut-être la plus belle, lorsqu’il retrouve la compagnie d’un vieil ami. Le genre de film qui nous rappelle pourquoi on aime le cinéma.