Critique

Masaan

3 sur 5 étoiles
  • Cinéma
  • Recommandé
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Time Out dit

Premier long-métrage de Neeraj Ghaywan, ‘Masaan’ a été remarqué lors du dernier festival de Cannes au sein de la sélection Un Certain Regard. Bien loin du cinéma bollywoodien, ce film nous plonge au cœur des problématiques actuelles de l’Inde et de la difficile alliance entre modernité et tradition. 

La caméra suit parallèlement deux jeunes Indiens qui aspirent à une vie différente de celles de leurs parents. Devi brave ainsi l’interdiction du sexe avant le mariage : elle perd sa virginité dans un hôtel juste avant l’irruption de la police. Alors que son compagnon se suicide pour éviter que la honte ne s’abatte sur sa famille, la jeune femme se fait filmer par les gardiens de la paix pour faire chanter son père. De son côté, Deepak, étudiant en ingénierie, se démène pour sortir de la pauvreté de son quartier mais aussi de la tradition professionnelle de sa famille – les crémations funéraires. Il tombe amoureux de Shaalu, adolescente d’une caste supérieure. Les deux protagonistes vont évidemment se retrouver face à de nombreuses difficultés qui les obligeront à choisir entre héritages et sentiments.

En plus d’évoquer les points sensibles du pays tels que le harcèlement sexuel ou la séparation entre les différents types de castes, ce long-métrage fait voyager le spectateur à travers une Inde méconnue. Les quartiers populaires, bien que délabrés, possèdent une beauté singulière. Les ghats de crémation au bord du Gange apportent une poésie et un contraste entre les défunts incinérés et les vivants naviguant sur l’eau.  

Malgré une histoire qui traîne un peu trop en longueur sur la fin, ce film, récompensé par le prix de l’avenir et le prix Fipresci de la critique internationale, a le mérite de pointer du doigt l’évolution inévitable de l’Inde, et de sa jeunesse qui cherche à se désenclaver de coutumes manifestement trop lourdes pour le XXIe siècle.

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