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Si le nom de Joël Séria demeure immanquablement associé à son plus célèbre film, Les Galettes de Pont-Aven (en 1975, avec l’incroyable Jean-Pierre Marielle), Mais ne nous délivrez pas du mal, son premier long métrage, vaut lui aussi le détour. La brune Anne (Jeanne Goupil, qui restera l’une des actrices fétiches de Séria) et la blonde Lore (Catherine Wagener) sont deux jeunes pensionnaires d’une institution religieuse qui décident de vendre leur âme au diable, de dévouer leur existence au mal et à la négation de toute morale. Provocantes à l’égard des hommes, rebelles et perverses, les deux adolescentes se lisent Les Chants de Maldoror cachées sous la couette, ou récitent en chœur La Mort des amants de Baudelaire lors de leur kermesse de fin d’année – avant d’y mettre copieusement le feu. Œuvre maudite d’un romantisme noir, à l’esthétique délicieusement malsaine, Mais ne nous délivrez pas du mal est, en somme, un très grand film injustement méconnu.