love gaspar noé

Critique

Love

4 sur 5 étoiles
  • Cinéma
  • Recommandé
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Time Out dit

Après le voyage transcendantal offert par ‘Enter the Void en 2010, Gaspar Noé revient cette année avec ‘Love, drame sentimental sur un trio amoureux. Si le traitement narratif est moins expérimental que dans ses réalisations précédentes, Noé reste novateur dans sa façon de mettre en scène l'érotisme à l'écran. L'amour y est abordé à travers le prisme de rapports sexuels non simulés, et cette fois en 3D.

L'histoire est celle d'un jeune couple amoureux (lui américain, elle d’origine inconnue, ce qui contribue à son exotisme mystérieux), avec tout ce que cela implique de violence et d'excès. Leur naïveté romantique se trouve confrontée à leur désir de tout connaître, de tout tester et de donner vie à des fantasmes sexuels parfois destructeurs dans une volonté de partage et de liberté absolue. Pourtant, la jeunesse et l'immaturité de Murphy ne lui permettent pas d'accepter totalement ces expériences sexuelles ; son histoire avec Electra pourrit progressivement, et un ovule est fécondé – mais pas celui du bon ventre.

L'ingéniosité de cette œuvre vient de sa tonalité sentimentale combinée à l'utilisation d'outils propres à la pornographie pour sa mise en forme (plans de pénétrations, de fellations et même de jouissance sans la moindre ambiguïté !), ce qui lui donne un air de cyprine à l'eau de rose assez surprenant. Le pari est indéniablement réussi, les scènes érotiques à deux ou trois partenaires sont d'un esthétisme électrisant et constituent avant tout un pilier pour illustrer l'histoire d'amour qui nous est racontée. Assister aux rapports sexuels entre Murphy et Electra ne donne à aucun moment un sentiment de voyeurisme mais permet surtout de mieux saisir leur relation et de ne pas se limiter aux échanges dialogués (peu existants par ailleurs dans le scénario). C'est pourquoi cette romance nous tient en captivité.

Si l'usage de la 3D n'apporte pas grand-chose (à part peut-être la formule promotionnelle et alléchante qualifiant le film de « porno 3D »), il faut reconnaître que la scène déjà culte de projection éjaculatoire en direction des spectateurs garantit un panel de réactions fleuries, entre éclat de rire fébrile et offuscation judéo-chrétienne.

Au final, cet assemblage de foutre passionnel, de fantasmes et de rêves déchus vus à travers les mirettes d'un Gaspar Noé au sommet de son art nous livre une œuvre magnifique et cruellement charnelle.

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