Le Festival de Cannes aime visiblement les Adèle. Après ‘La Vie d’Adèle’ d’Abdellatif Kechiche, Palme d’or 2013, Thomas Cailley présentait cette année à la Quinzaine ‘Les Combattants’ – qu’il serait tentant de sous-titrer ‘La Survie d’Adèle’. Adèle Haenel y interprète Madeleine, une ado pas très bien dans ses baskets qui se met sans cesse à l’épreuve. Son objectif : se préparer à la fin des temps, en apprenant toutes sortes de techniques qui lui permettront d’en réchapper. Bref, une gamine qui veut survivre avant de vivre, caricaturale comme seuls les ados savent l’être.
Pour entrer dans son sujet, Thomas Cailley a mis de côté tout le pathos qu’il implique pour garder le burlesque des situations et un humour bienvenu. Il fait ainsi vivre à son héroïne une suite de petites apocalypses, en posant sur elle un regard doux et complice qui nous rappelle à l’ado que nous avons tous été. Son film se déploie alors entre la comédie romantique, lorsqu’elle se confronte à Arnaud (Kévin Azaïs), le commentaire social (la « tendance » survivaliste, la crise de l’emploi, les villages désertés) ou caustique (sur l’armée notamment), dans un bel équilibre.
Et pourtant, même si on rit assez souvent, on sent rapidement que ‘Les Combattants’ va atteindre les limites dans lesquelles il se borne. Comme le chapitre sur la formation militaire, évoquant plus un hypothétique ‘Les Sous-doués font l’armée’ que le ‘Beau travail’ de Claire Denis par exemple. Ce manque d’audace se ressent également dans la réalisation, plate, à l’image de ces quelques scènes de nature sans grand relief. Sans espérer une œuvre formaliste, on attendait autre chose d’un film sélectionné à la Quinzaine dont on avait entendu le plus grand bien.
Au final, ce premier long métrage de Thomas Cailley s’offre simplement comme une comédie française de bon goût (une espèce en voie de disparition), idéale pour passer un bon moment, mais pas forcément aboutie. Et quitte à voir le verre à moitié plein, on attend donc le prochain film d’un réalisateur prometteur, qui se vit pour l’instant surtout comme scénariste.