Critique

Les Aventures de Tintin : Le Secret de la Licorne, en 3D

4 sur 5 étoiles
  • Cinéma
  • Recommandé
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Time Out dit

Nombreux sont ceux qui ont critiqué la décision prise par le réalisateur Steven Spielberg et le producteur Peter Jackson d’utiliser la 3D et la motion capture pour raconter les célèbres aventures de l’indémodable héros dessiné par Hergé. Après voir vu le résultat, il est difficile d’imaginer qu’un film d’action en chair et en os, ou d’animation traditionnelle, aurait pu produire un tel niveau de tension dramatique, de réalisme et d’inventivité visuelle. Mettant fin à la pause de trois ans dans sa carrière à la suite du décevant et très dispensable 'Indiana Jones et le Royaume du crâne de cristal', on retrouve avec Tintin un Spielberg reboosté, rachetant son faux pas dans un film qui, par son intrigue – un voyage dingue à travers le monde – et son dévouement total aux sensations fortes, devient le véritable successeur de sa trilogie indianesque d’origine.

Nous retrouvons d’abord notre héros sans âge posant pour un dessinateur sur la place du marché de sa ville natale, indéterminée, dans le premier d’une longue série de clins d’œil brillants et introspectifs – le portrait caricaturé ressemblant comme deux gouttes d’eau à un dessin d’Hergé. Très vite, le regard de Tintin est attiré par une intrigante maquette de bateau disposée sur l’étalage d’un stand de pacotilles. Il s’agit de la Licorne, un voilier à trois mâts ayant fait naufrage au XVIe siècle, emportant avec lui tout son équipage et un butin d’exception. De là naît une chasse au trésor qui enverra Tintin, son fidèle Milou et leurs acolytes dans un voyage à travers océans et déserts, en avion, bateau, jeep, moto et, c’est peut-être le plus inoubliable, en grue de transport.

Restant fidèle à la vision qu’Hergé avait de son personnage, un héros banal, parfois passif, entouré par des archétypes pittoresques, Spielberg et son équipe choc d’auteurs de comédies britanniques – Joe Cornish, Edgar Wright, Steven Moffat – remplissent l’écran d’énergumènes en tous genres, aussi admirables qu’inoubliables : l’inimitable Capitaine Haddock en tête, dont la voix (haleine de whisky et baragouinage inclus) est habilement rendue en américain par Andy Serkis. Au final, quelques personnages sont légèrement négligés – nous ne comprendrons jamais la moustache virevoltante de l’infâme Sakharine (interprété par Daniel Craig) – mais l’essentiel est que l’on ne s’ennuie jamais. 

Visuellement, le film est incroyable et Spielberg profite entièrement de la liberté que lui permet la technique qu’il a choisie. Un flashback, au milieu du film, lorsqu’Haddock raconte le naufrage de la Licorne, devrait figurer parmi les scènes d’action les plus réussies du réalisateur : un méli-mélo étourdissant de travellings impossibles, une action frénétique et quelques-unes des plus admirables scènes de transition jamais conçues. Ce niveau d’intensité visuelle peut paraître déconcertant – une séquence de poursuite au Maroc plus tardive pousse les choses trop loin, causant une légère confusion –, mais d'une manière générale, c’est assez jouissif.

Aussi, tandis que l’on peut regretter la profondeur et l’empathie de ses premiers chefs-d’œuvre, tels que 'E.T.' ou 'Les Dents de la mer', ce Tintin est sans aucun doute le plus bel exemple de divertissement familial dans la filmographie de Spielberg depuis 'Jurassic Park'. Et c’est aussi le plus créatif, le plus amusant et le plus pétillant blockbuster de cette fin d’année.

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