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Pour quiconque s'intéresse au cinéma, à la vidéo ou la photo (en un mot, aux images), le dispositif de La Jetée se révèle immédiatement passionnant : une série d'images fixes, de photos noir et blanc, sont projetées sur l'écran comme des diapositives, tandis qu'une voix-off narre la formidable fable d'anticipation qu'elles illustrent. Or, ce parti pris radical et a priori austère, cette définition ultra minimale d'un cinéma dépourvu de mouvements, c'est précisément ce qui donne au film sa densité méditative et sa formidable ouverture.
Entre philosophie et poésie, ce petit chef-d’œuvre de 29 minutes est impossible à résumer. Et si réaliser un film aussi novateur et profond à partir de simples diaporamas et d'un texte était un pari risqué, la forme de La Jetée apparaît pourtant comme une évidence, mieux adaptée à son récit que tous les effets spéciaux de L'Armée des douze singes (pour lequel Terry Gilliam s'inspira ouvertement du film de Marker, sans jamais vraiment pouvoir tenir la comparaison). Enfin, inutile d'en dire plus : La Jetée est un court métrage suffoquant de beauté et une leçon de cinéma incontournable. Qui, à 50 ans, n'a pas pris la moindre ride.