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Time Out dit

Donner à voir la vie que l'on mène dans un pensionnat anglais pour garçons pourrait à première vue sembler conservateur, mais le deuxième long métrage de Lindsay Anderson après 'Le Prix d'un homme' fut l'un des films britanniques les plus radicaux des années 1960, et le premier des trois films de cette décennie à intégrer notre top 10.

Le visage malicieux de Malcolm McDowell dans le rôle de l'élève de sixième rebelle Mick Travis annonce a posteriori le personnage qu'il jouera dans 'Orange mécanique', comme en témoigne notamment la scène iconique dans laquelle il apparaît vêtu d'un chapeau Borsalino et d'une écharpe enroulée autour de son visage pour dissimuler sa moustache. De là, nous découvrons que Travis et ses deux amis sont une source d'irritation constante dans leur sévère pension, où leurs pairs exercent une autorité brutale, avançant leur supériorité au seul prétexte de leurs cravates et de leurs insignes qualifiés insolemment par Travis de « bouts de chiffon sur le téton ».

Beaucoup de scènes restent gravées dans notre esprit et la plupart d'entre elles sont teintées d'un comique insolite. Il y a le professeur qui fait du vélo dans la classe, le principal qui ouvre un tiroir et dévoile un enseignant, Travis se débattant avec une serveuse au café du coin... Mais à l'exception de ces passages complètement surréalistes, le succès du film dépend de sa justesse. Sherwin et Anderson connaissaient très bien le monde qu'ils tournent en dérision, ce qui explique pourquoi les rituels, l'argot et le comportement sonnent incroyablement justes (et c'est ce qui dérange ici). Le film atteint son paroxysme dans la scène de bataille galvanisante, choquante, tous les personnages fonçant bille en tête dans une sorte de glorieux fantasme enfin réalisé.

La critique de la tradition et de l'autorité portée par le film résume et trouve un écho dans l'atmosphère de la contre-culture de l'époque, mais les sujets qu'il traite – la communauté, le leadership, l'oppression et la révolte – aussi bien que son goût pour le surréalisme comique, l'étrange ou le fantasque, n'ont pas perdu de leur force aujourd'hui, plus de quarante ans plus tard.

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