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Cette leçon des films de Leni Riefenstahl, Michael Haneke est certainement l’un de ceux à l’avoir le plus profondément méditée. Agacé et frustré par l’apologie et la consommation de la violence dans les médias et au cinéma (type Tarantino), le cinéaste autrichien décide, avec Funny Games, de la prendre au sérieux, c’est-à-dire d’envisager la violence de la façon la plus réaliste possible. Physique et psychologique, la torture qui s’abat sur une simple famille bourgeoise, à travers deux jeunes psychopathes venus la séquestrer, s’affirme crue, sèche. A cela, Haneke ajoute des apartés pervers des bourreaux aux spectateurs, comme pour dire : « La violence vous fait rire ? Plus pour longtemps. »
Réflexion sur le mensonge au cinéma et la banalisation de la brutalité, Funny Games demeure une œuvre à part dans la filmographie de Haneke, celle qui le révéla en 1997 au grand public européen – puis américain avec son remake dix ans plus tard. « Funny Games est le seul film où je voulais vraiment gifler le spectateur, pour qu'il prenne conscience du pouvoir des images, en mettant de l'huile sur le feu », déclara plus tard le cinéaste, lors de la sortie du Ruban Blanc. Depuis Funny Games, c’est d’ailleurs plutôt par sa pudeur et son art du hors-champ que Haneke s’est illustré comme l’un des réalisateurs contemporains les plus précis, tranchants. Et souvent justes.