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Presque une décennie après Les Quatre Cents Coups (1959), Truffaut renoue avec Antoine Doisnel dans ce deuxième long métrage de la série consacrée à son alter-ego fictif. Inspiré d’un roman de Balzac (Le Lys dans la vallée), Baisers volés voit donc Antoine Doisnel – toujours interprété par un Jean-Pierre Léaud lunaire – travailler comme veilleur de nuit, détective privé ou réparateur de télévisions. Mais surtout, le film est pour Truffaut l’occasion de rendre compte de l’éducation sentimentale de son héros, qu’il case d’abord avec Christine (Claude Jade), puis fait tomber fou amoureux d’une femme mariée (à Michael Lonsdale, d’ailleurs) : Fabienne Tabard (Delphine Seyrig). Celle-ci aura pour lui, au terme d’un monologue d’une sensualité incroyable, ce sommet de la déclaration d’amour impossible : « Je vous propose un contrat, un vrai contrat équitable pour tous les deux. Puisque nous aimons tous les deux ce qui est exceptionnel… Voilà, je viens là, près de vous. Maintenant. Nous restons ensemble pendant quelques heures. Et ensuite, quoi qu’il arrive, nous ne nous revoyons plus jamais. D’accord ? » On vous laisse imaginer la réponse.