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Georges de Beauregard (également producteur attitré de Pierre Schœndœrffer et de certains Chabrol et Rivette notamment) était-il conscient du rôle incroyable qu'il allait jouer dans l'histoire du cinéma, lorsqu'il confia un budget au jeune Jean-Luc Godard pour qu'il puisse simplement « faire son film », laissant carte blanche au futur réalisateur du Mépris ? Ainsi naquit un double mythe : un classique absolu, et un homme controversé porté au pinacle.
A bout de souffle, traité dans mille ouvrages, encore discuté aujourd'hui, est un film d'une liberté hallucinante, où la beauté garçonne de Jean Seberg dispute la lumière à l'hallucinante décontraction d'un Jean-Paul Belmondo âgé de 27 ans. Laissant entrevoir un Melville, un Jean Douchet, ou même Godard lui-même au détour d'un plan, A bout de souffle allait devenir un étendard de la Nouvelle Vague, l'un de ces films dont l'aura ne s'est jamais démentie, et dépasse largement le cercle des « initiés » des « intellectuels du cinéma ».
Dernières heures d'un tueur de flic en fuite, A bout de souffle est tout à la fois un vent de liberté, une histoire d'amour, un instantané de vie, un bras d'honneur aux règles cinématographiques. Les dialogues étaient écrits sur des bouts de nappe, soufflés par Godard pendant les prises, le film éclairé avec les moyens du bord... Dès son premier film, JLG tente, essaye, creuse, comme il continue de le faire à ce jour, loin de rejoindre la classe du cinéma classique et balisé, qui a depuis happé plusieurs de ses frères d'armes de la Nouvelle Vague.