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Que ce soit un midi ensoleillé ou une soirée pluvieuse, cela n’importe peu pour le quatuor derrière le comptoir le plus cool en ville, Pasta Pooks.
Aux heures de repas, le petit local bourdonne de Montréalais affamés, venus goûter les raviolis fraîchement farcis d’épinards, les tagliatelles tranchées d’un coup de lame par le maître des pâtes Luca ou la création du moment élaborée avec l’arrivage spontané de champignons sauvages, de citron Amalfi ou d’ail des bois de la France.

Ceux qui n’ont pas le coup de fourchette disposé ne seront pas en moins : le sandwich Philly Cheesesteak brise un peu le fil conducteur des pâtes fraîches, mais assure tout autant en gourmandise.

L’exigüité du local ne signifie pas nécessairement une bataille au tabouret pour vivre son moment en observant les voitures défilées entre deux bouchées : elle force les échanges, les rires, les regards curieux sur les assiettes voisines… Le tout ponctué par une voix sonore, possiblement celle de Victor-Alex Petrenko, un hôte à moitié vigilant qui veille tout de même à ce que chaque convive soit comblé — son rôle étant moins celui d’un serveur que d’un maître de cérémonie bienveillant. Celui-ci est bien entendu épaulé par une équipe qui prend son rôle à cœur, tout en gardant ce côté nonchalant qui ne dérange pas du tout. Qui va jusqu’à plaire, même.
On oublie rapidement les effluves de poulet frit qui ont pendant la dernière décennie embaumé le local, puisque le maître des pâtes, Luca Vinci alias Pooks, assure d’en mettre plein les papilles. D’ailleurs, Vinci n’est pas un inconnu dans le monde des pâtes montréalaises. Celui qui a roulé sa bosse (et ses gnocchis) dans les meilleures adresses de la ville (Impasto, Nora Gray, Mano Cornuto) sait exactement comment transformer ces ingrédients ordinaires en quelque chose d’extraordinaire.

Prenons ces raviolis aux épinards et ricotta à l’enveloppe si fine qu’elle semble presque translucide, simplement montés au beurre et terminés avec le roi du fromage. C’est riche mais léger, à la texture soyeuse, au goût vibrant d’épinards (et de beurre) qui ferait fondre même les enfants ayant la phobie des légumes verts.

Le ragù, évidemment la recette familiale, transpire les heures de cuisson lente. On la fait à partir d’épaule de porc, de joue de bœuf, de foie de poulet, de pancetta et de mortadelle. Le passionné de sauces à la viande que je suis était aux anges. Oui, il y a une pointe de clou de girofle.

Je m’y suis aussi rendu alors que le pastificatore avait préparé, avec son arme secrète sa tante Anna Maria Vinci, des pâtes typiques de sa région familiale la Sardaigne. Des Sos pipiriolos du village de sa grand-maman, Montresta. Ces pâtes tubulaires semi-longues sont extraites à la main, puis servies dans une sauce tomate aux polpettes d’agneau, rehaussée de pecorino sarde. La texture des pâtes qui résistent et puis qui fondent, l’acidité de la tomate, la complexité de l’agneau, la typicité du pecorino… Accompagné d’un rouge nature provenant d’une parcelle de 1 hectare de la petite maison sarde Meigamma, spectaculaire.

Cette soirée-là, pour notre grand bonheur, il y avait également des trofies au pesto d’ail des bois (de la France). À un tel point que le désir d’enfiler ceux d’Evan Funke s’est adouci d’un cran.
Il ne faut pas lésiner sur le pain et beurre. Le pain à sous-marin cuit chaque jour par la boulangerie Automne est arrosé par une pluie de graines de sésame qui résonne superbement bien avec le beurre farci au miel — ainsi que tous les excédents de sauces possibles.

Aucun dessert n’est passé sous nos yeux. Ni une panna cotta au citron Amalfi ni un gâteau à l’huile d’olive ne nous a fait flancher. Ce sera pour une autre visite.
Des prix plus hauts que la moyenne (entre 20$ et 25$ le plat de pâtes), justifiés par la qualité des ingrédients et d’un savoir-faire précieux.
Au Pasta Pooks, vous serez peut-être au cœur de la Petite-Italie, mais au fond, si l’on regarde autour de nous, on se sentira quelque part entre le côté terre et le côté mer de la Sardaigne. En écoutant du Martine St-Claire, du Marjo ou du Gerry Boulet.
⭐️⭐️⭐️⭐️
Ambiance : Animée, vivante, bourdonnante. C’est chacun pour soi : premier arrivé premier servi. Un comptoir pour bons vivants !
Ce que l’on boit : Sélection concise de vins italiens (incluant quelques pinards sardes), complétés par quelques références du Québec et internationale, majoritairement nature. De la bière italienne, quelques cocktails italiens qui se mélangent en un tour de main.
Ce que l’on mange : On y va pour les pâtes fraîches, on revient pour le Philly Cheesesteak—ou vice versa. Le midi, le fameux sous-marin semble une option plus appropriée que le soir. Le menu est en constante évolution selon les arrivages spontanés.

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