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L'un des chefs du Time Out Market Montréal a gagné Top Chef Canada.
Le parcours de Chanthy Yen a débuté dans des cuisines prestigieuses comme Mugaritz en Espagne et le centre de recherche Bullipedia de Ferran Adrià, avant de le mener à Montréal. Ici, il séduit les gourmets avec des plats qui explorent ses racines cambodgiennes, notamment dans son concept signature au Time Out Market Montréal.
En tant que tout premier chef queer et issu des communautés BIPOC à occuper le poste de chef personnel du Premier ministre Justin Trudeau et de sa famille, Chanthy Yen partage son temps entre Montréal et Vancouver, où il est chef exécutif du Bacaro, recommandé par le guide Michelin.
Time Out Montréal a rencontré le gagnant pour discuter de son expérience, de ce qu’il aurait fait différemment, et de la façon dont cuisiner avec le cœur a tout changé pour lui.
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Nous devons savoir : comment vous êtes-vous senti lorsque vous avez réalisé que vous aviez gagné Top Chef Canada ?
C'était exaltant. Je me disais constamment : "Quoi qu'il arrive, ça ira. Tu es arrivé jusque-là." Mais quand Eden a annoncé ma victoire, j'ai ressenti un immense soulagement, comme si un poids s’était envolé de mes épaules.
Comment avez-vous réussi à tenir bon tout au long de cette aventure ?
La pression psychologique était immense. Être hors de sa zone de confort, toujours dans l’inattendu, demande beaucoup. Mais j’ai puisé dans mon expérience et me suis rappelé pourquoi je cuisine : pour montrer mon amour de cet art et le transmettre.
En quoi vos origines cambodgiennes et canadiennes de première génération ont-elles influencé votre cuisine ?
Tout au long du processus, j’avais tendance à m’en éloigner un peu. Je me disais : OK, je vais juste cuisiner des plats dignes d’un restaurant étoilé Michelin, faire des choses très techniques, et voilà. Mais une fois que je me suis retrouvé en bas du classement, c’est là que je me suis dit : Il faut vraiment que je cuisine avec mon cœur. Je réfléchissais à ce que les juges disaient, même en coulisses : « Chanthy, on aimerait que tu ailles un peu plus loin en toi-même. » Et c’est exactement ce que j’ai fait. J’ai cuisiné des plats cambodgiens, et à l’instant où j’ai pensé à ma grand-mère, j’ai créé ce plat. Cela a influencé tout le reste de la compétition, même mon rôle un peu décalé lors du 7ᵉ épisode. Je me suis dit : Tu sais quoi ? Je suis un oncle. J’ai cinq nièces. J’ai déjà fait ce genre de choses plein de fois, mais avec une tiare. Alors, je peux monter sur scène et le faire. Je me suis concentré sur les raisons pour lesquelles je cuisine, sur les personnes qui comptent sur moi, et j’ai persévéré. Cette compétition, ce n’est pas une blague. C’est tellement sérieux, et la pression est énorme.
Qu'est-ce qui vous a le plus surpris pendant la compétition ?
Je ne savais pas trop comment fonctionnait le tournage… Il y a tellement d’éléments en mouvement pour capturer chaque moment en coulisses, sur le plateau, tout en suivant différentes histoires en même temps. J’ai été stupéfait par la qualité de production de l’ensemble de l’émission. Et en y participant, cela a aussi déconstruit beaucoup de stéréotypes que j’avais sur ces émissions, et que beaucoup de chefs partagent. J’en ai entendu parler, j’ai été dans les mêmes pièces qu’eux, et ils ne connaissent pas vraiment ces émissions. Ils pensent que c’est un genre d’émission de cuisine de bas niveau. Mais j’y étais, et je peux honnêtement dire que les candidats exploitent chaque ingrédient à fond dans le délai imparti et sous pression.Ce n’est pas facile. J’ai travaillé dans des restaurants étoilés Michelin partout dans le monde, et c’est bien plus difficile que tout cela. Pourquoi ? Parce que c’est vous. Juste vous. Pas une équipe R&D. Pas une équipe marketing. C’est vous qui lavez vos assiettes. C’est vous qui cuisinez vos plats. Et le temps imparti est bien réel. Vous devez tout faire.
Quel a été votre moment de plus grande fierté ?
Je dirais que le moment dont je suis le plus fier cette saison, c’est la finale. Moira et moi cuisinions ensemble, au lieu de nous affronter. Et si vous avez vu la finale, vous verrez qu’elle s’illumine. Elle est dans son élément. Elle s’exclame, elle s’émerveille. On se lançait des regards complices. On était comme des meilleurs amis, entrant ensemble dans cette aventure, se taquinant, cuisinant côte à côte. C’est à ce moment-là que tout est devenu un peu plus facile, et c’était une énorme surprise parce que quand on regarde d’autres émissions, c’est souvent : Je vais les battre ! Mais avec nous, nos personnalités, et nos défis personnels dans cette industrie, on savait : « Allez, laissons tomber les conneries. On est amis. Faisons juste de notre mieux, avec le cœur. » C’était ça, mon moment de fierté, parce que je n’ai pas laissé la compétition me monter à la tête. J’ai été honnête sur qui je suis. Je suis un excentrique un peu fou qui aime se montrer créatif et danser en cuisinant. J’ai pu être moi-même, et j’ai pu voir mon amie donner le meilleur d’elle-même. C’était un effort collaboratif pour arriver à la finale, et ça a été une expérience incroyable.
Des regrets ou des choses que vous auriez faites différemment ?
Oh, absolument. La rhubarbe, évidemment ! Je suis surpris qu’aucun de mes amis ne soit venu derrière moi avec une tige de rhubarbe pour me faire peur ! Je suis vraiment excité à l'idée d'avoir une chance de rédemption et, j'espère, de retourner à Pearl Morrissette pour proposer une version différente de la rhubarbe. Être au bas du classement, c’est une chose difficile. Dans l’industrie culinaire, vous êtes constamment jugé. Vous êtes jugé sur Google, jugé par les journalistes, jugé par vos pairs et vos clients. Et être jugé par un jury, c’est encore une cerise sur le gâteau. En me retrouvant en bas, j’ai beaucoup appris sur moi-même et sur la façon de surmonter mes doutes et mes insécurités. Je suis encore en train de guérir de ce moment, mais je pense qu’il était vraiment important d’écouter ce que les juges avaient à dire, et cela m’a aidé à orienter les prochaines étapes.
Quels liens avez-vous tissés avec les autres participants ?
Je crois que plus l’amitié est forte, plus la compétition l’est aussi. Et j’ai créé des amitiés incroyables avec Haan de Salt Spring Island, et surtout avec Christina, la fille effrontée de Toronto. C’était la plus piquante de l’émission, et je l’ai adorée. On était essentiellement les fauteurs de troubles, vous savez, ces deux gamins dans le coin de la classe, et c’était tellement triste de la voir partir. Moira, Christina et moi avions des manucures ou pédicures assorties. Lors du deuxième épisode, à Salt Spring Island, nous avons dansé avec la fille de Haan. Elle portait un tutu, et on a fait une petite fête de danse. D’immenses amitiés sont nées de l’expérience éprouvante de l’émission et des défis que nous avons relevés ensemble. Et je peux honnêtement dire que les amitiés que j’ai tissées avec ces trois-là dureront très longtemps.
Quel sera votre repas de célébration ?
Je pense que ce repas de célébration se déroulera probablement au Cambodge ou en Asie. Cameron et moi tenons vraiment à passer ce moment spécial ensemble. Nous avons remporté le défi Barilla pour un voyage en Italie, alors j’adorerais une soirée romantique en flânant le long des canaux vénitiens, à profiter d’une journée fantastique à boire et célébrer notre mariage. Mais je veux aussi aller au Cambodge, revisiter mes racines, fêter cela avec une grand-mère du coin, manger dans ses mains, et savourer cette recharge d’influences culturelles qui me rappelle qui je suis. Il y a donc différentes couches dans cette célébration pour moi, et cela ne se résume pas forcément à une fête. Il s’agit plutôt de se ressourcer, de réapprendre et de saisir ces belles opportunités pour l’avenir.
Top Chef Canada Saison 11 est disponible sur STACKTV.
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