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Il y a de bons chefs à Montréal, et puis il y a aussi des grandes chefs à Montréal. Et ce sont leurs histoires que nous voulons entendre. Vous pourrez les entendre dans la nouvelle série d’entrevues du Time Out Montréal qui présente des femmes incroyables du meilleur de la scène gastronomique de notre ville. Et ces chefs travaillent toutes au Time Out Market Montréal. Pour notre sixième entrevue, nous avons parlé à la chef Mélanie Blouin dont le travail culinaire inoubliable, autant au Time Out Market qu’aux Club Chasse et Pêche et Il Miglio, nous met l’eau à la bouche à chaque fois. Nous lui avons parlé de son parcours pour devenir chef, de son leadership et de ses expériences dans la cuisine de marché.
Cet entretien a fait l’objet d’un montage et il a été condensé pour plus de clarté.
Sans prétention et avec l'esprit généreux d'une enseignante innée, Mélanie Blouin s'est imposée comme chef de file du monde culinaire montréalais. Depuis maintenant 17 ans, elle travaille avec Claude Pelletier et détient le titre de chef de cuisine aux restaurants Club Chasse et Pêche du Vieux-Montréal et, plus récemment, Il Miglio. Les femmes représentent une minorité dans le milieu de la restauration et, à cet égard, Blouin reste un exemple de succès assez unique. Elle se considère chanceuse d'avoir rencontré relativement peu d'obstacles à son avancement, et c’est alors pourquoi elle tient à diriger sa cuisine en mettant l'accent sur la communication, la communauté et le travail d'équipe.
Avez-vous toujours voulu travaillé dans un restaurant depuis votre enfance?
Depuis que je suis toute petite, j'ai appris à cuisiner à la maison. J'aimais beaucoup cuisiner. Je fouillais dans les livres de recettes de ma mère et j'ai essayé toutes sortes de choses. Je n'avais jamais pensé faire un métier avec ça, mais on a toujours aimé bien manger dans ma famille. On avait un jardin et on a aussi élevé des petits animaux. Chez moi, c'était important de bien manger. J'ai toujours baigné dans ça. Je suis allé faire des études en anthropologie et puis en sémiologie, car je voulais faire des études universitaires. J'étais très intéressée par les théories de langages et puis, à un moment donné, je me suis rendu compte que j'avais besoin de bouger plus. Quand nous sommes à l'université... on est toujours assis… toujours devant un ordinateur... toujours en train de lire, puis-je trouvais ça n'allait pas beaucoup avec ma personnalité. Je sentais que j'avais besoin d'un métier un peu plus physique, manuel. En fait, j’ai laissé ça de côté et je suis allée faire mon DEP en cuisine. J'avais 26 ans. Après, j'ai commencé à travailler avec Claude Pelletier, qui est propriétaire de restaurant.
Ça va faire 17 ans que je travaille avec Claude. L'année passé, Claude m'a parlé du projet Time Out et j'ai décidé de faire ça. Ça fait quand même longtemps que je travaille à l'autre restaurant [Club], j'avais besoin d'un nouveau défi.
Avez-vous rencontré des difficultés particulières en vous adaptant au format particulier de chez Time Out?
Le plus difficile c'était de faire le Chasse et Pêche. Il Miglio n'est pas difficile, c'est déjà une cuisine de production de pâtes et tout ça. C'est juste une question de produire plus de pâtes et de livrer à Il Miglio. Pour le Chasse et Pêche, on fait tout ici et les cuisines ne sont pas grandes. Le challenge c'est l'espace. On essaie de produire un niveau Chasse et Pêche dans un [petit] espace. On avait pensé qu'on avait mis [au menu] des choses assez facile à faire, mais c'est quand même compliqué. Il y a beaucoup de préparations à faire dans cet espace. Au début, quand Time Out a ouvert, il y avait tellement de monde, on était toujours là. Tous mes employés ont travaillé des heures incroyables au début. Moi j'étais là, 7 jours sur 7. Là ça va mieux.
Même en 2020, il subsiste une disparité entre les sexes dans la restauration. Avez-vous rencontré beaucoup d’obstacles en tant que femme dans cette industrie?
Pour ma part, non. Je suis peut-être chanceuse. Mon chum, il est resté à la maison longtemps avec mon garçon, comme ça je pouvais aller travailler. Lui, il travaillait à temps partiel et restait à la maison. Dans un sens, j'étais chanceuse. Claude [Pelletier] et moi on s’entend super bien. Ça fait 17 ans qu’on travaille ensemble. La majorité des employés sont des hommes, mais je pense qu'on a une bonne connexion. C'est sûr que j'ai déjà eu des employés, des femmes, qui ont eu des problèmes des fois avec des hommes - mais moi-même ce n'est pas le genre de choses que je vais laisser aller. Toute suite, quand je vois qu'il y a une chose qui ne marche pas, je parle avec les gens et ça se calme assez rapidement. Dans les cuisines qui sont moins bien gérées, où le patron ne surveille pas ce que passe, ça peut dégénérer. Je parle beaucoup avec mes employés, j'essaie de voir à ce que tout le monde soit content et ça va bien. Viens me voir s'il y a quoi que soit. J'essaie, à la source, que les gens sachent qu'ils peuvent me parler et qu’on peut arranger les choses avant qu'il y a des problèmes.
On travaille en équipe, c'est super important. J'ai travaillé dans des cuisines où les gens étaient plus en compétition les uns contre les autres. J'ai toujours trouvé que c'était pas productif. On est plus efficace quand on travaille en équipe et on communique. Dans ma cuisine, tout le monde doit faire tous les postes. Les gens sont plus motivés et, généralement, plus efficaces.
Vous avez accompli beaucoup de choses au cours de vos années dans l'industrie. Que vous réserve l'avenir?
Disons que je ne m'attendais pas de faire Time Out. C'est sûr que, à plus long-terme si on reste à Time Out, peut-être que je vais laisser les jeunes s’occuper un peu plus de la cuisine. J'aimerais enseigner et faire un peu plus de travail dans le domaine académique.